Résumé
L’orpaillage artisanal dans la région du Mayombe est une activité à double tranchant. Si elle constitue une source de revenus pour de nombreuses familles, elle entraîne néanmoins des conséquences désastreuses sur l’environnement et la santé des populations locales. L’extraction de l’or, souvent réalisée sans encadrement strict, provoque une déforestation massive, l’érosion des sols et la pollution des cours d’eau par le mercure et d’autres produits chimiques. Une étude sur l’impact de l’exploitation artisanale de l’or dans le secteur de Dimonika, massif forestier du Mayombe, a révélé que 15 % des cours d’eau sont creusés et déviés, perturbant ainsi le régime hydrographique. De plus, la turbidité moyenne de ces eaux est de 114 NTU, les rendant impropres à la consommation selon les normes de SEQ-Eau (2003). Ces dégradations mettent en péril la biodiversité et l’équilibre écologique du Mayombe, transformant des zones autrefois fertiles en terres stériles.
Sur le plan sanitaire, l’utilisation du mercure dans le processus d’extraction représente un véritable danger. Selon le Plan d'Action National pour l'Extraction Minière Artisanale et à Petite Échelle d'Or en République du Congo (2019), les risques sanitaires sont liés à la pénibilité du travail et aux effets des pollutions environnementales, notamment l'exposition au mercure. À court terme, les orpailleurs et les populations environnantes souffrent d’empoisonnements aigus provoquant des maux de tête, des nausées, des irritations cutanées et des troubles respiratoires. L’inhalation de poussières contenant de la silice cristalline, libérées lors du concassage des roches, est également associée au développement de maladies respiratoires telles que la silicose et la tuberculose pulmonaire. À long terme, l’exposition prolongée aux substances toxiques entraîne des maladies graves : atteintes neurologiques irréversibles, insuffisance rénale, cancers, et même malformations congénitales chez les nouveau-nés. L’espérance de vie des populations vivant dans les zones d’orpaillage est ainsi considérablement réduite.
Face à cette crise silencieuse, il devient urgent d’agir. La sensibilisation des habitants aux dangers liés à l’orpaillage non contrôlé, la mise en place de réglementations strictes et l’encadrement des pratiques minières sont essentiels pour limiter les dégâts. De plus, les autorités doivent proposer des alternatives économiques durables afin de réduire la dépendance des populations à cette activité destructrice. Des solutions existent, notamment l’adoption de techniques d’extraction plus respectueuses de l’environnement, telles que celles recommandées par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), le développement d’activités agricoles et la reforestation des zones touchées.
Le Mayombe, région au patrimoine naturel inestimable, ne doit pas être sacrifié sur l’autel de l’or. Il est encore possible de réconcilier exploitation des ressources et préservation de la nature. Mais cela ne pourra se faire sans une mobilisation collective impliquant habitants, autorités et acteurs de la société civile. Il est temps de prendre conscience du véritable prix de l’or et d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Figure 1 : Eau stagnante en plein cœur du Mayombe, après excavation
Figure 2 : résultat de l'exploitation artisanale de l'or
Figure 3: Inversion lithologique due au activités d’orpaillge site BANGOULOU
Figure 2: Déforestation liée aux activités d’orpaillage site KIMBENGUE
Cette conférence a été réalisée le du 23 au 25 juin 2024, à la Faculté des Sciences, à Brazzaville sous la coordination de Kongo Science. Plusieurs intervénants ont été noté. Cette page ne présente que la communication la plus pertinente.